E mi sont chi in filanda
e spetti che vegn sera
che’l mè moros èl végna
che èl mè murus èl végna
e mi sont chi in filanda
e spetti che vegn sera
che’l mè moros èl végna
per compagnarmi a cà

E… son maridada prest
per andà pù in filanda
e adess che gh’ho marì
l’è lu ch’el me cumanda

Trumbalalillallé è un bel moretto
Trumbalalillallé  e a me mi piace
Trumbalalillallé mi da i bei baci
Trumbalalillallé i baci dell’amor

Per compagnarmi a casa
per compagnarmi a letto
per fare un bel sognetto
per fare un bel sognetto
per compagnarmi a casa
per compagnarmi a letto
per fare un bel sognetto
e poi per fare all’amor

E… su n maridada prest
per andà pù in filanda
e adess che gh’ho marì
vo in filanda nott e dì.

Trumbalalillallé….

E… son maridada prest
per pù mangiar polenta
e adess che gh’ho marì
l’è polenta tutt i dì.

Trumbalalillallé….

E… son maridada prest
per anda’ in lett insemma,
e adess che gh’ho marì
dormi semper de per mì.

Trumbalalillallé…

Et je suis ici, à la filature,
à attendre que le soir vienne,
que mon amour vienne,
que mon amour vienne,
Et je suis ici, à la filature,
à attendre que le soir vienne,
que mon amour vienne,
m’accompagner chez moi.

Je me suis mariée jeune
pour ne plus avoir à aller à la filature,
et maintenant que j’ai un mari,
il me commande.

Trumbalalillallé c’est un gentil petit brun
Trumbalalillallé  et je l’aime bien,
Trumbalalillallé il me donne de beaux baisers,
Trumbalalillallé les baisers de l’amour.

Pour m’accompagner chez moi,
pour m’accompagner au lit
pour faire un beau petit rêve,
pour faire un beau petit rêve
Pour m’accompagner chez moi,
pour m’accompagner au lit
pour faire un beau petit rêve,
et puis pour faire l’amour

Je me suis mariée jeune
pour ne plus avoir à aller à la filature,
et maintenant que j’ai un mari,
je vais à la filature jour et nuit

Trumbalalillallé

Je me suis mariée jeune
pour arrêter de manger de la polenta
et maintenant que j’ai un mari,
je mange da la polenta tous les jours

Trumbalalillallé

Je me suis mariée jeune
pour dormir à ses cotés
et maintenant que j’ai un mari,
je dors toujours seule.

Trumbalalillallé

Fusion de deux chants de filature, originaires de Lombardie, répandus dans tout le nord de l’Italie depuis la fin du XIXe siècle

Ce chant, qui réunit deux chants de filature, arrive au début de l’époque des filatures industrielles. Déjà les jeunes filles quittent la dimension familiale pour aller travailler à l’usine.
Le premier est un simple chant d’amour au rythme léger de valse, le deuxième en revanche, sur un rythme binaire sautillant reprend la tradition des chants des “mal mariées”.
Il arrivait souvent pendant le travail, que les fileuses passent librement d’un chant à l’autre, melant rythmes et paroles; mais dans ce cas spécifiques, on peut imaginer un jeu de question-réponse entre des jeunes fileuses encore amoureuses et convaincues que le mariage leur apportera de meilleures conditions de vie et de l’autre côté, des femmes plus anciennes qui mettent en garde en racontant avec ironie les espoirs déçus ainsi qu’un quotidien difficile et miserable.

Le travail dans les filatures était en effet extremement dur : une jeune fileuse commencait par une longue période d’essai qui n’était pas rémunéré. Une fois embauchée, il s’agissait de travailler plus de 12 heures par jours les mains dans l’eau bouillante et dans une athmosphère chaude et humide, propice au maintien des cocons de soie, entretenue par une chaudière qui tournait sans cesse.
Les patrons refusaient bien sur d’aéerer les hangars pour ne pas faire baisser la température et ne pas risquer de compromettre la qualité des cocons.
Nombreuses étaient donc les ouvrières qui tombaient malade de tuberculose.
La paye était très basse et souvent plus basse encore à cause d’un système d’amandes prélevées directement sur le salaire des ouvrières.
Les ouvrières n’avaient pas le droit de parler entre elles, en revanche elles pouvaient chanter et comme les mondines, les fileuses ont développés un répertoire propre racontant leur quotidien et leurs conditions.