Le chant des grenouilles 1 – 1861/1900
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150 années de luttes dans le chants de tradition orale en Italie
Episode 1:
de l’Unité d’Italie (1861) au régicide de Umberto I (1900)
Un spectacle écrit par Lorenzo Valera
Avec
Séline Gülgönen (chant, clarinettes), Laila Sage (chant, conte), Lorenzo Valera (chant, conte, guitare, accordéon)
“Senti le rane che cantano…”
«Ecoute les grenouilles qui chantent…»
C’est ainsi que commence l’un des chants les plus anciens du répertoire des mondines, les travailleuses des rizières du nord de l’Italie. L’un de ces nombreux chants oubliés, ou édulcorés dans sa version proposée au grand public à partir des années 70, et où les grenouilles ont disparu pour laisser place à un plus agréable : « Amore mio non piangere…» « Mon amour, ne pleure pas…»
L’Etat italien a il y a peu célébré son 150e anniversaire, et sa rhétorique patriotique a envahi le débat public en imposant une version de l’histoire : un beau conte, dont le héros est un peuple abstrait autant qu’idéalisé, bien éloigné de la réalité douloureuse et quotidienne des classes populaires et de leurs tentatives d’émancipation.
Dans ce spectacle mêlant récits, chants et musique, nous vous ferons entendre d’autres voix : celles, orgueilleuses et enragées, des brigands méridionaux et de leur guerre désespérée contre le nouvel Etat ; celles des paysans et des ouvriers agricoles, dont les luttes pour une existence meilleures seront sans relâche ; celles des travailleurs des carrières de marbre de Toscane, des mineurs de soufre de Sicile ; les voix fières et impertinentes des mondines ; celles des émigrés qui, après des décennies de défaites, allaient poursuivre leur rêve de justice dans d’autres terres.
Quarante année de révoltes, de rebellions, d’illusions destinées à briser la fureur répressive d’un Etat qui punit impudemment les justes et récompense les assassins.
Un lointain mais persistant coassement de grenouilles, refusant de se taire devant les fanfares sonores du pouvoir.